John Gali
- John Gali
- Rappeur
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John Gali Albums
John Gali - Le Jour G
(19 notes)
Date de sortie : 17 Mai 2006
A propos de John Gali
- jeudi 30 juillet 2009
N’allons pas chercher plus loin ce qui définit John Gali. Là où d’autres se perdent dans des postures et attitudes vaines, John reste fidèle à lui-même et au hip hop. Pas forcément le plus aisé dans un pays où l’on cultiverait plutôt l’imagerie brutale du rap que sa valeur artistique.
La France est peut-être un pays de rappeurs, mais elle cherche toujours encore son icône HIP HOP, ce soldat de la rue qui, comme ses modèles US saura transcender sa réalité morose pour crée une musique imparable taillée pour les halls, les voitures et les clubs… Un mec de quartier suffisamment élégant pour éviter de construire sa carrière sur les infortunes de ses voisins de palier, mais remarquablement doué pour mettre en lumière son propre quotidien en rimes sensées, acérées et fluides. Un soldat de la rue qui voit au-delà de l’avenue qui passe en bas de chez lui, un MC aussi à l’aise avec ses gars en bars qu’avec les ladies dans les clubs…
Et le charismatique John Gali répond à tous ces critères. Ses armes de choix ? Un grain de voix unique, un débit fluide et une oreille qui le pousse à n’accepter de se placer que les meilleurs beats hip hop, notamment ceux de DJ Poska, DJ Doze, Goldfingers, David Bordey, Sulee B. Wax… pour créer la colonne vertébrale de son premier album, Le jour G, chez Big Broz Recordz .
Le MC de Vitry-Sur-Seine (94) a suffisamment d’expérience pour savoir que l’on n’autorise pas les rappeurs à plusieurs tentatives pour s’imposer. La seconde chance est un privilège rare, voire une utopie dans le hip hop français. Alors, avant d’achever un premier album soigneusement conçu et réalisé, John Gali, figure du hip hop underground français, a multiplié les apparitions, les titres solos et les participations aux disques des autres ou compilations. Mais le « biz » est rude parfois même plus que la rue malgré l’air poli que peuvent lui donner ses costards-cravates… Il a fallu bosser, serrer les dents et garder la foi en attendant son tour de briller que beaucoup attendait bien plus tôt…
En effet, John Gali est un enfant du hip hop. Un vrai. Made In Timal, comme il se décrit lui-même, le jeune garçon tout juste arrivé en métropole met peu de temps avant de plonger dans le hip hop. Il faut dire qu’il n’a pas atterri n’importe où : Vitry-Sur-Seine, dans le 94, l’un des bastions historiques du hip hop en France au même titre que les 18ème et 19ème arrondissements parisiens, Saint-Denis ou encore les quartiers Nord de Marseille.
Dès le milieu des années 80, la ville de Vitry s’est prise un gros coup de fièvre hip hop qui ne devait jamais plus l’abandonner. Lionel D, EJM, Le Mouvement Authentique… Pour le jeune Léo, les « mecs d’en bas » étaient tout simplement des légendes et il n’allait pas tarder à les rejoindre. S’attelant d’abord à maîtriser le tag et la danse (des passages obligés pour le cercle hip hop exigeant de Vitry…), Léo finit par rejoindre la Mafia Underground, le crew des Little (le groupe culte composé du MC RL, du célèbre producteur/rappeur Sulee B Wax et du DJ/producteur Sek qui devait fonder quelques années plus tard le mythique label Time Bomb) au début des années 90. Il y côtoie la rappeuse Sté Strausz, David Bordey mais également le MC et futur Producteur Don Silver avec son groupe Noxious… Il y a pire pedigrée…
Léo apprend. Il fait ses classes en tant que « back » hip hop (choriste), en studio et en tournée. Mais bien vite, son charisme naturel, sa voix éraillée et profonde et son sens du flow le poussent sur le devant de la scène. Les scènes, même : celle du New Morning à Paris, celle de Bercy avant Mobb Deep ou celles d’une tournée avec Oxmo Puccino, les N.A.P, en soutien de Sté… Léo le Vauss (Le Cerveau) est devenu Da Maad Fungusth. Même si le pseudo est quasi imprononçable, les rimes et le son marque. Après des participations aux projets de la Mafia Underground, il révèle son talent en 1996 avec « Les Spots bleus », un titre solo posé sur la première compilation hip hop du label Hostile, Hostile hip hop, qui révélait également Ärsenik, les X-Men ou Lunatic (Une collection reconnue par la presse spécialisée comme l’une des trois plus importantes de l’histoire du rap français).
Officiellement, devenu John Gali, le rappeur enchaîna alors les apparitions notables sur des compilations ou disques marquants : avec le groupe R&B N’ Groove sur 24 Carats ou encore les B.O. de Taxi (premier du nom, en 1998) ou de Old School sur un titre glorieux réunissant John Gali, Diam’s et Eloquence. John Gali enchaîne alors maxis (« Musical Anarchy ») et mixtapes (en invité ou en vedette…).
La Mafia Underground de Vitry-Sur-Seine disloquée (même si ses membres originels continuent de se croiser sur disque à l’occasion), John Gali se lie avec DJ Poska, l’un des plus célèbres DJ’s hip hop de France. Après avoir bossé dans l’ombre et servi l’underground, les deux compères passent finalement à la vitesse supérieure. Le DJ s’associe à son ami Cyril Allouche (activiste hip hop mais aussi créateur et patron de la dynamique agence de communication Bullet) et à DJ Doze pour créer le label Big Broz Recordz, à l’esthétique hip hop revendiquée, qui traite lyrics et musique sur le même pied. Les grands esprits se rencontrent donc et John Gali devient la première signature du label, son album le premier de la jeune maison de productions hip hop.
Le Jour G sort début 2006. Un disque mûri, réfléchi et peaufiné qui sied parfaitement à la direction affichée par Big Broz Recordz. Un album qui a grandi avec son auteur, qui reflète à la fois ses expériences, son évolution et sa nature profonde. Un manifeste hip hop qui n’a rien d’un premier album tant il est maîtrisé. John Gali ne cache rien et c’est finalement en cela que son album sonne plus juste que n’importe quel disque que n’importe quel MC qui répète ad lib qu’il « reste vrai ». John Gali ne répète rien, il prouve.
Il assume son penchant pour les hymnes dancefloor (hip hop bien sûr) comme sur « Hot Gal » ou « Ca part en Dancehall» avec le redoutable Jacky Brown de Neg’ marrons, mais aussi sa faiblesse pour les ladies les plus élégantes, revient sur ses rêves, ses erreurs et ses accidents de parcours sans misérabilisme (« Dans la peau d’un Bonhomme »).
Pour Gali, un album n’est pas une collection de titres mais un morceau de soi, un bout de vie. Le Jour G dévoile un MC au registre enrichi à l’écoute du sucré, bouncy et nostalgique sur Made In Timal, un homme concerné sur « Ghetto Queens » ou un père attentionné sur « La poupée à papa ». Mais on ne lutte pas contre sa nature et le rappeur profite d’un instrumental redoutable de Sulee B Wax pour écrire l’hymne « 1000 Hip hop ».
On savait John Gali talentueux et habile, un MC au-dessus de la norme. « Lettre à France » révèle un jeune homme de banlieue concerné et totalement inspiré. Le titre, reprenant Les arpèges de « Lettre à France » de Michel Polnareff, est un énorme pavé jeté du haut des tours dans la mare du rap français. Un flow technique posé sur des notes de piano, une métaphore habile qui évoque le rapport entre un jeune homme de banlieue, et sa terre d’adoption, le tout servi par une interprétation parfaite et saisissante. Le point d’orgue d’un disque sur lequel John Gali se révèle pleinement, en accord avec lui-même, sa musique et ses aspirations.
Et si vous ne savez toujours pas comment décrire le hip hop, le premier album de John Gali, Le Jour G, en est une définition plus que précise. Faites tourner… Sortie 9 MAI 2006.
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