Rap2K : Rap, Hip Hop

Le Festival l'Original de Lyon : le méga-résumé

Boot Camp, La Caution, De La Soul, ...

  • Posté par Sagittarius 
Le Festival l'Original de Lyon : le méga-résumé
En ce printemps 2006, la ville de Lyon organisait son 3ème festival l'Original, avec pour ce millésime, pas mal de belles surprises à la clé.

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Les festivités se sont déroulées du 20 au 23 avril dans un esprit purement Hip Hop, vu sous tous les angles : le rap, la danse, le graff et le DJing. Ce fut aussi la meilleure façon de nous rappeler pourquoi on est dans ce mouvement, pourquoi on kiffe le rap, pourquoi on bouge la tête sur les beats, le tout dans un esprit d'unité, de paix et de fun. Ceci peut paraître paradoxal d'organiser un tel événement dans une ville française excentrée de la capitale. Mais aux vues de la mobilisation, les lyonnais et ses voisins n'ont pas à rougir et ont définitivement montré et prouvé leur amour pour le vrai Hip Hop. Le programme et les groupes invités avaient de quoi ranimer notre flamme et insuffler une énergie nouvelle. Rap2K y était, en direct de Lyon.

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L'apéro aux Terreaux
Le mercredi vers 18h s'ouvrait une exposition de fresques urbaines à la Galerie des Terreaux, qui fait face à l'Hôtel de Ville dont la banderole "Merci l'OL" rappelle leur très récent 5e consécutif titre de Champion de France. Ouverte jusqu'au dimanche, on pouvait visiter (accompagné d'une odeur de peinture fraîche) les diverses vitrines qui présentaient quelques peintures justement, des photos de graffitis, quelques sappes et accessoires (même des lampes), à travers une foule contemplative parmi laquelle on pouvait croiser quelques activistes hip hop régionaux. Une petite buvette était ouverte en fin d'après-midi histoire de se poser et écouter les mix des DJ qui se passaient le relais. La Galerie des Terreaux a été notre point de départ de nos aventures, mais aussi un point de rencontre déterminant.

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Jeudi 20 avril, le vrai départ
Une expo d'artistes graffeurs, de photos sur le Hip Hop, de peintres, ça nous intéresse, ok. Une bonne prise de température. Mais reconnaissons-le, on attend d'assister au premier concert pour être vraiment dans le festival, et pour se rendre compte de la qualité du plateau. Rendez-vous est donc pris à partir de 20h, au Ninkasi Kao, à deux pas du Stade Gerland, pour la première grosse soirée de l'Original 2006: L'Original Clash. Le début de la fête est consacré à un tournoi de clash entre des jeunes rappeurs venus d'un peu partout. On décide d'y assister avec plus de curiosité que d'enthousiasme, mais l'énergie des deux maîtres de cérémonie du soir est communicative et DJ Duke (ex-DJ du groupe Assassin) assure aux platines. Les oppositions s'enchaînent dans un bon état d'esprit. Les Parisiens Lunik, Mic Horny et le jeune Calvin se font remarquer, de même que le toulousain Nono, les locaux Miasto (venu promouvoir sa compilation Connexion 69 mais prématurément éliminé) et Kum (sosie de Biz Markie !). Quelques forfaits accélèrent un peu le déroulement des huitièmes et quart de finale, alors que la tension et le niveau monte jusqu'aux demi-finales. Les seconds rounds sont de rigueur afin de mieux départager les adversaires lorsque l'approbation du public était mitigée. La finale oppose finalement l'imposant Héraclès (Annemasse) au plus discret mais tout aussi tapageur Marshall (Valence). C'est à la force du mic', et avec l'appui d'un public conquis que ce dernier s'impose en trois rounds. Un Marshall (comme le prénom d'Eminem tiens tiens) vainqueur d'un battle de emcees, assez convenu et un poil cliché, dires-vous (si l'on fait référence au film 8 Mile). Le micro se souvient pourtant de quelques phases bien placées, et de bon nombre de rimes assassines mais non sans humour avant tout.

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La soirée se prolonge, et le tournoi, entrecoupé de prestations de groupes locaux (dont les remarqués FRVSens et Kouembé dans une moindre mesure), commence à durer. C'est donc tard dans la soirée que se présentent les têtes d'affiches du jour (...soir). Duck Down était dans la place! Avec les membres du Boot Camp Click, j'ai nommé Tek & Steele (aka Smiff N Wessun), le géant et bluffant Heltah Skeltah, et le très attendu Buckshot (Black Moon), sans ses dreads. Tek & Steele ouvrent la danse avec le morceau intro de leur dernier album, "Reloaded", enchaînant sur "My Timbz Do Work" avant que ne suivent Heltah (et ses deux mètres de charisme) et Buckshot, qui même s'il rend bien 30 centimètres à son camarade, impose sans râture son immense présence et son talent sur scène. Du très bon, rondement mené, sans temps mort, du Hip Hop tout droit venu de Brooklyn où chaque artiste passe et repasse tour à tour. Smiff et Wessun interprètent aussi quelques titres de leur fameux classique 'Tha Shinin' comme "Let's Get It On", "Tha Shinin... Next Shit" et "Bucktown". Buckshot étale toute sa maîtrise verbale avec "Ain't No Comparison" sur un beat de 9th Wonder, extrait de son dernier album 'Chemistry', plus quelques autres morceaux tout aussi connus des puristes. Le tout est ambiancé par un DJ qui fait preuve de sa dextérité au cours d'une brève mais intense démonstration de scratch. Il termine presque debout sur ses platines... Alors que chacun des artistes filmaient le public tour à tour, Smiff fait un peu de promo pour le futur album du BCC, 'The Last Stand'. Le show, d'une grosse heure, se termine par un petite séance d'hystérie organisée. Les membres du Boot Camp invitent en effet le vainqueur du tournoi de clash, Marshall, à poser un couplet sur scène avec eux, avant de laisser retentir le "Welcome to Jamrock" de Mr Damian Marley. Les artistes se lancent alors dans un joyeux moment de Ragga / Hip Hop qui voit Tek confier sa personne à la foule, pour une promenade sur le public. Du très très bon, donc, pour cette première soirée, qui se clôt doucement mais énergiquement avec "Boom Bye Bye". "Are you ready to go home?" scande le DJ. Non pas vraiment envie... Dommage qu'on ait oublié l'appareil photo et que Sean Price n'ait pas fait le déplacement. Le lendemain s'annonce encore plus fort. Le programme est alléchant, en tous cas.

Vendredi 21 Avril, the show must go on
L'expédition continue ce vendredi avec l'Original Concert. Il est presque 20h, l'estomac grouillant. On prend l'option de prendre un sandwich à la baraque à frite devant le parking du Transbordeur. Verdict: seul la mayonnaise avait du goût, et on leur aurait bien souhaité une inspection sanitaire tellement c'était infect. Entre temps, on aperçoit nos clasheurs demi-finalistes, Calvin et Lunik, placarder quelques affiches publicitaires pour leur groupe La Meute. Le temps d'attendre une amie, on rentre au Transbo en passant deux fois devant des agents de sécurité pas franchement physionomistes. Une partie de la première partie s'est déroulée dans le bar du Transbo en contrebas. De l'autre côté se trouve la salle de concert d'où l'on entend les Stéphanois d'Eska Crew (venus en voisins) des artistes locaux de chez CB Style (le label de Casus Belli) qui commencent à ameuter les hip hopeurs, lentement mais sûrement.

Dans l'attente de l'envolée de la soirée (que la programmation laisse présager), on s'installe face à la scène, juste deux marches derrière le technicien de l'éclairage, histoire de jauger l'ambiance avec une vue panoramique sur la scène surélevée. A la troupe de Casus Belli succèdent Les Gourmets, groupe de Hip Hop/électro lyonnais, bénéficiant d'une solide réputation, notamment sur scène d'après les réactions du public de lyonceaux. Venus défendre les couleurs de leur album Trop jeunes pour mûrir, les trois emcees (accompagné de leur DJ et de leur metteur en son) font monter la température de plusieurs crans avec une prestation de haute volée. Signature musicale très personnelle, voix retravaillées au micro, présence scénique appréciable, et dynamisme certain, le groupe s'avère d'une efficacité redoutable, provoquant le plaisir d'une foule toute disposée à s'emballer. Cette représentation, en forme de promesse, se termine par un incroyable morceau, dont le beat, joué en direct à la boîte à rythme témoigne de la créativité et de l'audace sans limite de la joyeuse bande.

Vient alors, après quelques minutes d'attente, la première estocade de la soirée. DJ Fab s'installe aux platines, la foule s'avance, et gronde de satisfaction lorsque Nikkfurie et Hi-Tekk (accompagné de Saphir le Joalier, des Cautionneurs) entrent en scène pour un puissant "Code Barre". Suivent dans le désordre "Club de gym", "Boite de macs", "Arcade", "Personne fusible", le survitaminé "Comme un sampler", le définitivement imparable "Je te hais" (qui avait fait tanguer la Marquise lors de leur dernier passage), "Dernier Train", ainsi que quelques morceaux d'Asphalte Hurlante, repris à l'unissons par un public électrisé. Le son de La Caution ne laisse aucun répit, tonique et entraînant de bout en bout. Les emcees se plaisent à exalter tout ce petit monde en ponctuant certains refrains de "Lyon, Lyon", évidemment accueillis avec ferveur. Bien emmené, le spectacle se termine par une hystérie générale lorsque retentit le surpuissant "Thé à la menthe", qui voit la salle trembler sous l'effet des basses hypertrophiées et des manifestations de joie bondissantes. Un moment de grande qualité, sans aucun doute, pour un groupe exceptionnel dont la musique très efficace sur disque, se fait irrésistible sur scène. La salle est bouillante, et ne demande qu'à s'enflammer irrémédiablement.

Entracte et attente de vingt minutes à écouter un pseudo best-of gravé des De La Soul, jetant quelques coups d'oeil à la scène obscurcie. Les têtes d'affiche aiment bien se faire désirer, alors qu'on se demande s'ils ne vont pas nous faire faux-bond, en étant mauvaise langue bien sûr. C'est alors que l'on aperçoit Maseo, le DJ des De La, monter sur l'estrade rejoindre les platines. Mais apparemment, souci technique avec les branchements de la boîte de mixage. Dix minutes de perdues, pendant lesquelles le public amassé manifestait légèrement son mécontentement pour ce contretemps. Et puis miracle, ça marche! Ah non... ah si ça repart. Il est minuit, l'heure fatidique. "Can I Kick It", réponse unanime: "Yes you can!". Maseo remet la foule dans le bain en passant des morceaux des A Tribe Called Quest, et la mayonnaise reprend très très vite au passage de "Award Tour" et "Scenario". Jusqu'au moment où l'intro de "Verbal Clap" retentit, le beat signé feu J Dilla démarre en même que l'apparition de Trugoy qui provoque l'hystérie autant que le morceau fait bouger la tête. Et puis arrive le troisième luron Dave West, avec cette bouille reconnaissable entre mille, pour poursuivre le morceau. Ca y est, les choses sérieuses vont pouvoir commencer. Pas le temps de réfléchir, le meilleur de leur discographie amplifiée par les enceintes arrive à nos oreilles, les gens se levant et se mettant à bouger et danser. Des morceaux de 3 Feet High & Rising rendent nostalgique, et les De La Soul apparemment enthousiasmés, ne manquent pas de faire participer le public, et notre amour pour le Hip Hop. Comme le disait justement Trugoy, quand ils se déplacent en France, c'est généralement à Paris, et les lyonnais n'ont pas manqué de prouver leur Foi en élevant la voix et les mains. La fête bat son plein, avec "Saturday" (où Maseo récite le couplet de Q-Tip!), "Oooh" sans Redman, l'incontournable "Me Myself & I". Alors qu'on croyait écouter l'instru de "Ain't No Nigga" de Jay-Z, et bien non, les trois Plug l'avaient déjà fait. C'était "something like a Phenomenon", comme quoi Ll Cool J non plus n'a pas tout inventé. Les morceaux s'enchaînent, on adore, on adhère, nos vétérans hip hop se plaisant à tester le répondant du public. Trugoy se risque même de descendre en face de la fosse serrer des mains. Clin d'oeil de Maseo à Lil Jon le temps d'un trip perso, juste après le court extrait de "Simply" en lançant des 'skeet skeet'. Trugoy mène le bateau avec une énergie communicative, avec le célèbre "All Good" et surtout pendant "Declaration", l'un des meilleurs morceaux de 'Mosaic Thump'. S'ensuit un petit coup de pub de part de Dave West pour leur dernier album 'The Grind Date' avant d'interpréter le meilleur titre de cet opus, à savoir "Rock Co.Kane Flow". Et cela nous rend presque complètement hystériques, redemandant à chaque fois de redémarrer la chanson! Déjà un peu plus d'une heure de show, lorsque les deux MCs demandent à vingt filles de monter sur scène danser sur "Baby Phat" (le single extrait de Bionix), genre ladies night. Et alors que les demoiselles quittaient la scène, les trois De La Soul quittent discrètement la scène, laissant tourner "Feel Good Inc" des Gorillaz sur lequel ils participent. Puis les lumières se rallument, le temps de comprendre qu'aucun rappel ne sera possible. Drôle de fin mais sans rester sur notre faim.

Samedi 22 avril, voyage au centre de la culture
Expo graphique, battles de emcees, concerts haut de gamme, il ne manquait plus que le DJing et la dance pour que la représentation du mouvement Hip Hop soit déclarée complète. C'est donc aux héros des platines qu'est dédiée cette fin d'après midi, avec les conférences de presse de Mista Sinista (ex-X-Ecutioners) et DJ Kool Herc himself, tous devant officier le soir même au Transbordeur pour une nouvelle grande nuit Hip Hop. Le temps de traîner à la Galerie des Terreaux de nouveau, on aperçoit les poppers en plein présélection. Le soleil est au rendez-vous, mais Kool Herc bien en retard. Mista Sinista est dans les parages, lui, et se montre étonnement disponible. Si bien qu'alors que la conférence de presse tarde à débuter, il s'éclipse de la Galerie des Terreaux. On croise alors le bonhomme assis sur les marche du Palais des Beaux Arts (tout un symbole), en pleine interview improvisée. Il se prête avec bonne humeur à l'échange, et confesse, hilare, que ses films préférés ne sont autres que Scarface (il arbore d'ailleurs un tee-shirt Tony Montana dont il n'est pas peu fier), Casino, et... E.T (!). Après une discussion très agréable, Sinista se prête à quelques photos sur les marches du Palais, toujours avec enthousiasme. La scène et la discussion sont surréalistes. Encore plus extraordinaire, un jeune couple est assis à deux mètres, en train de manger son fast food à emporter, sans même remarquer notre présence.

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Grand sourire aux lèvres, Sinista nous dit qu'il est là pour se faire plaisir, qu'il fait au mieux pour être à la hauteur des attentes de ses fans. Et il le fait bien. Quelques minutes après, on le retrouve dans des conditions plus conventionnelles pour le coup d'envoi de la "vraie" conférence de presse (voir aussi le résumé de cet échange très intéressant ainsi que les photographies dans la rubrique Interview). Initialement prévue pour une durée d'un vingtaine de minutes, Sinista fait durer la bonne humeur ambiante pour une séance prolongée, au cours de laquelle il est rejoint par Doujah Raze, qui vient lui signaler qu'il a faim. L'assistance prend vraisemblablement du plaisir, la discussion est décontractée. Sinista évoque avec humour sa soirée trop arrosée de la veille. Dans la salle, DJ Fab (La Caution), s'est joint au public. Ravi, Mista Sinista reste plusieurs minutes après la conférence et prête sa voix à l'enregistrement de jingles pour les radios locales, pose pour quelques photos, et se retire sans avoir manqué de saluer tout le monde.

C'est ensuite le retour de l'attente, alors que les agents de sécurité commence à évacuer les visiteurs de la galerie à l'approche des 20h. DJ Kool Herc n'est pas là, viendra-t-il ? Les organisateurs multiplient les coups de téléphone. Kool Herc serait en voiture, sur le chemin. Fait est dit, quelques minutes après, son imposante silhouette sort d'un véhicule arrêté devant la porte d'entrée de la Galerie. Il semble détaché, énormes lunettes de soleil sur les yeux. Il n'est pas non plus décidé à débuter tout de suite la conférence de presse et préférerait prendre d'abord son repas. Sa compagne s'installe pourtant dans la salle, et la discussion commence. Très professionnel, Kool Herc se laisse alors guider par les questions, répond franchement et avec intérêt (voir le sujet correspondant sur le site). Passé, présent, futur, tout y passe. Un moment assez difficilement descriptible. Chacun semble boire ses paroles et se rendre compte de l'importance et de la richesse du moment. Autant le dire clairement, quand DJ Kool Herc parle, tout le monde la boucle. L'interview est terminée, Kool Herc prend une bière. Les autres personnes dans la salle se remettent lentement de cette rencontre fantastique, et c'est presque le DJ légendaire qui fait le pas vers ses fans. Quelques minutes passées dehors, toujours disponible. On le checke, timides. Il nous stimule, une sorte de retour aux sources, pour lui comme pour nous. Puis il s'en va, les mains dans les poches. Nous aussi. On traverse la Place de Terreaux. DJ Kool Herc marche à quelques mètres de nous. Personne ne le remarque, mais nous savons qu'il est là, et ça fait bizarre.

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Il n'y a pas vraiment de mots pour narrer cette rencontre unique et inoubliable, l'émotion éprouvée. Nous étions comme transformés grandis, bénis, même mieux, baptisés par Kool Herc. C'est notre grand-père à tous, le Père de notre culture.

Le même soir, les héros du jour, Kool Herc et Sinista, se produisent au Transbordeur pour une grande nuit dédiée à leur talent. Le plateau est relevé, puisqu'en plus des deux géants, on retrouve le non moins précieux Dee Nasty, le surdoué Japonnais Akakabé, le champion de France DMC 2002 et 2003 DJ Gero, Rob Life (du collectif anglais Breakin' Bread), et le membre du Scratch Bandit Crew (champion de France par équipe en 2004), DJ Fly (lui même vainqueur de la Coupe de France DMC en 2005 dans la catégorie Beat Jungling). La nuit fut longue (un peu plus de 5h du matin) et festive. Après cela, je crois que nous pourrons dormir tranquille...

Dimanche 23 Avril, toutes bonnes choses ont une fin...
Il est 16h devant le Transbordeur de nouveau, et la queue s'allonge devant l'entrée pour assister à l'Ultim'8 Battle, un concours de danse organisé par le Festival l'Original. Parmi la foule, beaucoup d'enfants et adolescents, les familles accompagnatrices commencent à s'affairer dans les tribunes de la salle principale du Transbo. En attendant l'ouverture du show, un DJ mixe près du bar où les poppers s'échauffent tranquillement.

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Debout aux premières loges, Nasty, l'animateur qui présente le battle de breakdance, n'est autre que celui qui enflamme les Battle Of The Year à Montpellier. Présentation des huit teams et tirage au sort ainsi faits, les quart de finales en 2 contre 2 peuvent déjà commencer. DJ Duke et ses platines ainsi que son ordinateur portable sont prêts pour lancer les hostilités. D'entrée, les coréens des Last4One font très forte impression, jouant sur la technique et l'originalité avec une efficacité redoutable. Pas pour rien qu'ils sont champions du monde de l'International BOTY 2005 (Cf les DVD Fr). Le sort a voulu aussi que les deux crew lyonnais, Need For Speed et le fameux Pockemon Crew (champions du monde 2003), s'affrontent dès leur première battle, l'issue de la confrontation amicale était déjà connue. Un autre groupe à surveiller de près, les américains du Flexible Flav, venus tout droit de Sacramento: leur tactique de répartie sur pas de danses est absolument redoutable. Les finlandais des Flow Mo rejoignent les demi-finales sans trop de mal aussi. La première demi-finale fait déjà figure de finale, quand les coréens affrontent les californiens dans un concours de haute voltige. Un passage supplémentaire est même sollicité par le jury, Duke jouant le nouvel extrait de Ghostface Killah ("Be Easy") pour booster les breakeurs. Après délibération, ce sont les californiens qui ont eu le dernier mot. Quant à nos pokemons locaux, leurs acrobaties suffisent à balayer les têtes blondes scandinaves, sans commentaires. Alors maintenant imaginez la finale franco-américaine, deux philosophies différentes, deux styles de danse opposés. Ce n'est pas vraiment possible de décrire chacun des mouvements réalisés, c'est pourquoi une mini-vidéo enregistrée à partir d'un des écrans géants (les caméras ont fait le reste), a mieux permis de juger du niveau des danseurs. Les prolongations ont été nécessaires une nouvelle fois pour départager les deux équipes. Victoire pour les américains...

Entre-temps, les poppers se sont branchés sur des prises 230 volts pour danser comme des robots. Et les danseurs lyonnais, dont certains très beaux gosses, avaient leurs fan-clubs dans le public. Les affrontements sur de la musique funk, ça le fait. Mais curieusement, pas le temps d'assister à la finale, croisant Mista Sinista (qui m'a reconnu au passage), toujours souriant, près du stand de T-Shirts, tenu par le vendeur du MD Store (paie ta pub lol) avec qui j'ai discuté. Le DJ discutait avec les organisateurs, regardant la nouvelle génération de breakers danser devant le bar et vendre quelques de ses mixtapes sur le stand avant de partir ranger son matériel qu'il avait laissé la veille.


Maintenant voilà, c'est ici que se finit notre parcours initiatique dans le monde du Hip Hop, avec cette impression d'avoir traversé le noyau d'une culture sous tous les angles. Franchement, cette édition 2006 était magnifique et a tenu toutes ses promesses, et même mieux encore. Vivement le prochaine édition dans deux ans!!!

Reportage et interviews réalisés par Sagittarius et Raging Bull, photos et mini-vidéos de Sagittarius

Immenses remerciements au staff de l'Original pour nous avoir bien fait rêver pendant ces trois jours. Big up à Guillaume de Mektoub pour nous avoir rencardé. Bisoux à Ju pour nous avoir accompagné vendredi soir :)
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Commentaires

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  • Bobby_Milk
    Bobby_Milk - Ven 28 Avr 2006
    • 0



    De toute facon y'avait pas Sean Price :buh: :buh: (on se console comme on peut )

  •  
    Pharoahe - Ven 28 Avr 2006
    • 0

    moi jmen fous. chuis su que ct naze et pour faire style ils disent que ct cool. pff jvous hais...

  •  
    Da.Baby.Boi - Ven 28 Avr 2006
    • 0

    Et ouais gars 6.9. merci Lyon ,fier d'etre lyonnais avec ce genre de festival franchement ça fait zizir.

  • fabdu974 - Ven 28 Avr 2006
    • 0

    putin vivement que j'ai mes 18 ans, mon permis pour pouvoir aller à ce genre de festivals

  •  
    gone - Ven 28 Avr 2006
    • 0

    Super article, vraiment complet, on m'a dit qu'il y en aurait surement encore un autre l'année prochaine, je l'éspère vraiment parce que j'ai pas pu y assissté, vraiment dégouté!

  •  
    VERBAL KINT - Jeu 27 Avr 2006
    • 0


    Moi je dis y'en a qui ont de la chance! Y'a un beau travail de reporter certes, mais ça fait baver ceux qui n'y étaient pas! M'enfin c'est cool de voir qu'en France on peut avoir de telles réunions hiphop.

    J'attends la même à Nancy (d'ici là, j'ai le temps de me déplacer 200 fois à Paris, Lyon et Marseille :D :huh: :no: )

  •  
    Raging Bull - Jeu 27 Avr 2006
    • 0

    B) B) B)

    J'nous félicite Sagit' !

  •  
    Sagittarius - Jeu 27 Avr 2006
    • 0

    tadaaaaaam

  •  
    Sagittarius - Sam 22 Avr 2006
    • 0

    En ce printemps 2006, la ville de Lyon organisait son 3ème festival l'Original, avec pour ce millésime, pas mal de belles surprises à la clé.

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    Les festivités se sont déroulées du 20 au 23 avril dans un esprit purement Hip Hop, vu sous tous les angles : le rap, la danse, le graff et le DJing. Ce fut aussi la meilleure façon de nous rappeler pourquoi on est dans ce mouvement, pourquoi on kiffe le rap, pourquoi on bouge la tête sur les beats, le tout dans un esprit d'unité, de paix et de fun. Ceci peut paraître paradoxal d'organiser un tel événement dans une ville française excentrée de la capitale. Mais aux vues de la mobilisation, les lyonnais et ses voisins n'ont pas à rougir et ont définitivement montré et prouvé leur amour pour le vrai Hip Hop. Le programme et les groupes invités avaient de quoi ranimer notre flamme et insuffler une énergie nouvelle. Rap2K y était, en direct de Lyon.

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    L'apéro aux Terreaux
    Le mercredi vers 18h s'ouvrait une exposition de fresques urbaines à la Galerie des Terreaux, qui fait face à l'Hôtel de Ville dont la banderole "Merci l'OL" rappelle leur très récent 5e consécutif titre de Champion de France. Ouverte jusqu'au dimanche, on pouvait visiter (accompagné d'une odeur de peinture fraîche) les diverses vitrines qui présentaient quelques peintures justement, des photos de graffitis, quelques sappes et accessoires (même des lampes), à travers une foule contemplative parmi laquelle on pouvait croiser quelques activistes hip hop régionaux. Une petite buvette était ouverte en fin d'après-midi histoire de se poser et écouter les mix des DJ qui se passaient le relais. La Galerie des Terreaux a été notre point de départ de nos aventures, mais aussi un point de rencontre déterminant.

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    Jeudi 20 avril, le vrai départ
    Une expo d'artistes graffeurs, de photos sur le Hip Hop, de peintres, ça nous intéresse, ok. Une bonne prise de température. Mais reconnaissons-le, on attend d'assister au premier concert pour être vraiment dans le festival, et pour se rendre compte de la qualité du plateau. Rendez-vous est donc pris à partir de 20h, au Ninkasi Kao, à deux pas du Stade Gerland, pour la première grosse soirée de l'Original 2006: L'Original Clash. Le début de la fête est consacré à un tournoi de clash entre des jeunes rappeurs venus d'un peu partout. On décide d'y assister avec plus de curiosité que d'enthousiasme, mais l'énergie des deux maîtres de cérémonie du soir est communicative et DJ Duke (ex-DJ du groupe Assassin) assure aux platines. Les oppositions s'enchaînent dans un bon état d'esprit. Les Parisiens Lunik, Mic Horny et le jeune Calvin se font remarquer, de même que le toulousain Nono, les locaux Miasto (venu promouvoir sa compilation Connexion 69 mais prématurément éliminé) et Kum (sosie de Biz Markie !). Quelques forfaits accélèrent un peu le déroulement des huitièmes et quart de finale, alors que la tension et le niveau monte jusqu'aux demi-finales. Les seconds rounds sont de rigueur afin de mieux départager les adversaires lorsque l'approbation du public était mitigée. La finale oppose finalement l'imposant Héraclès (Annemasse) au plus discret mais tout aussi tapageur Marshall (Valence). C'est à la force du mic', et avec l'appui d'un public conquis que ce dernier s'impose en trois rounds. Un Marshall (comme le prénom d'Eminem tiens tiens) vainqueur d'un battle de emcees, assez convenu et un poil cliché, dires-vous (si l'on fait référence au film 8 Mile). Le micro se souvient pourtant de quelques phases bien placées, et de bon nombre de rimes assassines mais non sans humour avant tout.

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    La soirée se prolonge, et le tournoi, entrecoupé de prestations de groupes locaux (dont les remarqués FRVSens et Kouembé dans une moindre mesure), commence à durer. C'est donc tard dans la soirée que se présentent les têtes d'affiches du jour (...soir). Duck Down était dans la place! Avec les membres du Boot Camp Click, j'ai nommé Tek & Steele (aka Smiff N Wessun), le géant et bluffant Heltah Skeltah, et le très attendu Buckshot (Black Moon), sans ses dreads. Tek & Steele ouvrent la danse avec le morceau intro de leur dernier album, "Reloaded", enchaînant sur "My Timbz Do Work" avant que ne suivent Heltah (et ses deux mètres de charisme) et Buckshot, qui même s'il rend bien 30 centimètres à son camarade, impose sans râture son immense présence et son talent sur scène. Du très bon, rondement mené, sans temps mort, du Hip Hop tout droit venu de Brooklyn où chaque artiste passe et repasse tour à tour. Smiff et Wessun interprètent aussi quelques titres de leur fameux classique 'Tha Shinin' comme "Let's Get It On", "Tha Shinin... Next Shit" et "Bucktown". Buckshot étale toute sa maîtrise verbale avec "Ain't No Comparison" sur un beat de 9th Wonder, extrait de son dernier album 'Chemistry', plus quelques autres morceaux tout aussi connus des puristes. Le tout est ambiancé par un DJ qui fait preuve de sa dextérité au cours d'une brève mais intense démonstration de scratch. Il termine presque debout sur ses platines... Alors que chacun des artistes filmaient le public tour à tour, Smiff fait un peu de promo pour le futur album du BCC, 'The Last Stand'. Le show, d'une grosse heure, se termine par un petite séance d'hystérie organisée. Les membres du Boot Camp invitent en effet le vainqueur du tournoi de clash, Marshall, à poser un couplet sur scène avec eux, avant de laisser retentir le "Welcome to Jamrock" de Mr Damian Marley. Les artistes se lancent alors dans un joyeux moment de Ragga / Hip Hop qui voit Tek confier sa personne à la foule, pour une promenade sur le public. Du très très bon, donc, pour cette première soirée, qui se clôt doucement mais énergiquement avec "Boom Bye Bye". "Are you ready to go home?" scande le DJ. Non pas vraiment envie... Dommage qu'on ait oublié l'appareil photo et que Sean Price n'ait pas fait le déplacement. Le lendemain s'annonce encore plus fort. Le programme est alléchant, en tous cas.

    Vendredi 21 Avril, the show must go on
    L'expédition continue ce vendredi avec l'Original Concert. Il est presque 20h, l'estomac grouillant. On prend l'option de prendre un sandwich à la baraque à frite devant le parking du Transbordeur. Verdict: seul la mayonnaise avait du goût, et on leur aurait bien souhaité une inspection sanitaire tellement c'était infect. Entre temps, on aperçoit nos clasheurs demi-finalistes, Calvin et Lunik, placarder quelques affiches publicitaires pour leur groupe La Meute. Le temps d'attendre une amie, on rentre au Transbo en passant deux fois devant des agents de sécurité pas franchement physionomistes. Une partie de la première partie s'est déroulée dans le bar du Transbo en contrebas. De l'autre côté se trouve la salle de concert d'où l'on entend les Stéphanois d'Eska Crew (venus en voisins) des artistes locaux de chez CB Style (le label de Casus Belli) qui commencent à ameuter les hip hopeurs, lentement mais sûrement.

    Dans l'attente de l'envolée de la soirée (que la programmation laisse présager), on s'installe face à la scène, juste deux marches derrière le technicien de l'éclairage, histoire de jauger l'ambiance avec une vue panoramique sur la scène surélevée. A la troupe de Casus Belli succèdent Les Gourmets, groupe de Hip Hop/électro lyonnais, bénéficiant d'une solide réputation, notamment sur scène d'après les réactions du public de lyonceaux. Venus défendre les couleurs de leur album Trop jeunes pour mûrir, les trois emcees (accompagné de leur DJ et de leur metteur en son) font monter la température de plusieurs crans avec une prestation de haute volée. Signature musicale très personnelle, voix retravaillées au micro, présence scénique appréciable, et dynamisme certain, le groupe s'avère d'une efficacité redoutable, provoquant le plaisir d'une foule toute disposée à s'emballer. Cette représentation, en forme de promesse, se termine par un incroyable morceau, dont le beat, joué en direct à la boîte à rythme témoigne de la créativité et de l'audace sans limite de la joyeuse bande.

    Vient alors, après quelques minutes d'attente, la première estocade de la soirée. DJ Fab s'installe aux platines, la foule s'avance, et gronde de satisfaction lorsque Nikkfurie et Hi-Tekk (accompagné de Saphir le Joalier, des Cautionneurs) entrent en scène pour un puissant "Code Barre". Suivent dans le désordre "Club de gym", "Boite de macs", "Arcade", "Personne fusible", le survitaminé "Comme un sampler", le définitivement imparable "Je te hais" (qui avait fait tanguer la Marquise lors de leur dernier passage), "Dernier Train", ainsi que quelques morceaux d'Asphalte Hurlante, repris à l'unissons par un public électrisé. Le son de La Caution ne laisse aucun répit, tonique et entraînant de bout en bout. Les emcees se plaisent à exalter tout ce petit monde en ponctuant certains refrains de "Lyon, Lyon", évidemment accueillis avec ferveur. Bien emmené, le spectacle se termine par une hystérie générale lorsque retentit le surpuissant "Thé à la menthe", qui voit la salle trembler sous l'effet des basses hypertrophiées et des manifestations de joie bondissantes. Un moment de grande qualité, sans aucun doute, pour un groupe exceptionnel dont la musique très efficace sur disque, se fait irrésistible sur scène. La salle est bouillante, et ne demande qu'à s'enflammer irrémédiablement.

    Entracte et attente de vingt minutes à écouter un pseudo best-of gravé des De La Soul, jetant quelques coups d'oeil à la scène obscurcie. Les têtes d'affiche aiment bien se faire désirer, alors qu'on se demande s'ils ne vont pas nous faire faux-bond, en étant mauvaise langue bien sûr. C'est alors que l'on aperçoit Maseo, le DJ des De La, monter sur l'estrade rejoindre les platines. Mais apparemment, souci technique avec les branchements de la boîte de mixage. Dix minutes de perdues, pendant lesquelles le public amassé manifestait légèrement son mécontentement pour ce contretemps. Et puis miracle, ça marche! Ah non... ah si ça repart. Il est minuit, l'heure fatidique. "Can I Kick It", réponse unanime: "Yes you can!". Maseo remet la foule dans le bain en passant des morceaux des A Tribe Called Quest, et la mayonnaise reprend très très vite au passage de "Award Tour" et "Scenario". Jusqu'au moment où l'intro de "Verbal Clap" retentit, le beat signé feu J Dilla démarre en même que l'apparition de Trugoy qui provoque l'hystérie autant que le morceau fait bouger la tête. Et puis arrive le troisième luron Dave West, avec cette bouille reconnaissable entre mille, pour poursuivre le morceau. Ca y est, les choses sérieuses vont pouvoir commencer. Pas le temps de réfléchir, le meilleur de leur discographie amplifiée par les enceintes arrive à nos oreilles, les gens se levant et se mettant à bouger et danser. Des morceaux de 3 Feet High & Rising rendent nostalgique, et les De La Soul apparemment enthousiasmés, ne manquent pas de faire participer le public, et notre amour pour le Hip Hop. Comme le disait justement Trugoy, quand ils se déplacent en France, c'est généralement à Paris, et les lyonnais n'ont pas manqué de prouver leur Foi en élevant la voix et les mains. La fête bat son plein, avec "Saturday" (où Maseo récite le couplet de Q-Tip!), "Oooh" sans Redman, l'incontournable "Me Myself & I". Alors qu'on croyait écouter l'instru de "Ain't No Nigga" de Jay-Z, et bien non, les trois Plug l'avaient déjà fait. C'était "something like a Phenomenon", comme quoi Ll Cool J non plus n'a pas tout inventé. Les morceaux s'enchaînent, on adore, on adhère, nos vétérans hip hop se plaisant à tester le répondant du public. Trugoy se risque même de descendre en face de la fosse serrer des mains. Clin d'oeil de Maseo à Lil Jon le temps d'un trip perso, juste après le court extrait de "Simply" en lançant des 'skeet skeet'. Trugoy mène le bateau avec une énergie communicative, avec le célèbre "All Good" et surtout pendant "Declaration", l'un des meilleurs morceaux de 'Mosaic Thump'. S'ensuit un petit coup de pub de part de Dave West pour leur dernier album 'The Grind Date' avant d'interpréter le meilleur titre de cet opus, à savoir "Rock Co.Kane Flow". Et cela nous rend presque complètement hystériques, redemandant à chaque fois de redémarrer la chanson! Déjà un peu plus d'une heure de show, lorsque les deux MCs demandent à vingt filles de monter sur scène danser sur "Baby Phat" (le single extrait de Bionix), genre ladies night. Et alors que les demoiselles quittaient la scène, les trois De La Soul quittent discrètement la scène, laissant tourner "Feel Good Inc" des Gorillaz sur lequel ils participent. Puis les lumières se rallument, le temps de comprendre qu'aucun rappel ne sera possible. Drôle de fin mais sans rester sur notre faim.

    Samedi 22 avril, voyage au centre de la culture
    Expo graphique, battles de emcees, concerts haut de gamme, il ne manquait plus que le DJing et la dance pour que la représentation du mouvement Hip Hop soit déclarée complète. C'est donc aux héros des platines qu'est dédiée cette fin d'après midi, avec les conférences de presse de Mista Sinista (ex-X-Ecutioners) et DJ Kool Herc himself, tous devant officier le soir même au Transbordeur pour une nouvelle grande nuit Hip Hop. Le temps de traîner à la Galerie des Terreaux de nouveau, on aperçoit les poppers en plein présélection. Le soleil est au rendez-vous, mais Kool Herc bien en retard. Mista Sinista est dans les parages, lui, et se montre étonnement disponible. Si bien qu'alors que la conférence de presse tarde à débuter, il s'éclipse de la Galerie des Terreaux. On croise alors le bonhomme assis sur les marche du Palais des Beaux Arts (tout un symbole), en pleine interview improvisée. Il se prête avec bonne humeur à l'échange, et confesse, hilare, que ses films préférés ne sont autres que Scarface (il arbore d'ailleurs un tee-shirt Tony Montana dont il n'est pas peu fier), Casino, et... E.T (!). Après une discussion très agréable, Sinista se prête à quelques photos sur les marches du Palais, toujours avec enthousiasme. La scène et la discussion sont surréalistes. Encore plus extraordinaire, un jeune couple est assis à deux mètres, en train de manger son fast food à emporter, sans même remarquer notre présence.

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    Grand sourire aux lèvres, Sinista nous dit qu'il est là pour se faire plaisir, qu'il fait au mieux pour être à la hauteur des attentes de ses fans. Et il le fait bien. Quelques minutes après, on le retrouve dans des conditions plus conventionnelles pour le coup d'envoi de la "vraie" conférence de presse (voir aussi le résumé de cet échange très intéressant ainsi que les photographies dans la rubrique Interview). Initialement prévue pour une durée d'un vingtaine de minutes, Sinista fait durer la bonne humeur ambiante pour une séance prolongée, au cours de laquelle il est rejoint par Doujah Raze, qui vient lui signaler qu'il a faim. L'assistance prend vraisemblablement du plaisir, la discussion est décontractée. Sinista évoque avec humour sa soirée trop arrosée de la veille. Dans la salle, DJ Fab (La Caution), s'est joint au public. Ravi, Mista Sinista reste plusieurs minutes après la conférence et prête sa voix à l'enregistrement de jingles pour les radios locales, pose pour quelques photos, et se retire sans avoir manqué de saluer tout le monde.

    C'est ensuite le retour de l'attente, alors que les agents de sécurité commence à évacuer les visiteurs de la galerie à l'approche des 20h. DJ Kool Herc n'est pas là, viendra-t-il ? Les organisateurs multiplient les coups de téléphone. Kool Herc serait en voiture, sur le chemin. Fait est dit, quelques minutes après, son imposante silhouette sort d'un véhicule arrêté devant la porte d'entrée de la Galerie. Il semble détaché, énormes lunettes de soleil sur les yeux. Il n'est pas non plus décidé à débuter tout de suite la conférence de presse et préférerait prendre d'abord son repas. Sa compagne s'installe pourtant dans la salle, et la discussion commence. Très professionnel, Kool Herc se laisse alors guider par les questions, répond franchement et avec intérêt (voir le sujet correspondant sur le site). Passé, présent, futur, tout y passe. Un moment assez difficilement descriptible. Chacun semble boire ses paroles et se rendre compte de l'importance et de la richesse du moment. Autant le dire clairement, quand DJ Kool Herc parle, tout le monde la boucle. L'interview est terminée, Kool Herc prend une bière. Les autres personnes dans la salle se remettent lentement de cette rencontre fantastique, et c'est presque le DJ légendaire qui fait le pas vers ses fans. Quelques minutes passées dehors, toujours disponible. On le checke, timides. Il nous stimule, une sorte de retour aux sources, pour lui comme pour nous. Puis il s'en va, les mains dans les poches. Nous aussi. On traverse la Place de Terreaux. DJ Kool Herc marche à quelques mètres de nous. Personne ne le remarque, mais nous savons qu'il est là, et ça fait bizarre.

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    Il n'y a pas vraiment de mots pour narrer cette rencontre unique et inoubliable, l'émotion éprouvée. Nous étions comme transformés grandis, bénis, même mieux, baptisés par Kool Herc. C'est notre grand-père à tous, le Père de notre culture.

    Le même soir, les héros du jour, Kool Herc et Sinista, se produisent au Transbordeur pour une grande nuit dédiée à leur talent. Le plateau est relevé, puisqu'en plus des deux géants, on retrouve le non moins précieux Dee Nasty, le surdoué Japonnais Akakabé, le champion de France DMC 2002 et 2003 DJ Gero, Rob Life (du collectif anglais Breakin' Bread), et le membre du Scratch Bandit Crew (champion de France par équipe en 2004), DJ Fly (lui même vainqueur de la Coupe de France DMC en 2005 dans la catégorie Beat Jungling). La nuit fut longue (un peu plus de 5h du matin) et festive. Après cela, je crois que nous pourrons dormir tranquille...

    Dimanche 23 Avril, toutes bonnes choses ont une fin...
    Il est 16h devant le Transbordeur de nouveau, et la queue s'allonge devant l'entrée pour assister à l'Ultim'8 Battle, un concours de danse organisé par le Festival l'Original. Parmi la foule, beaucoup d'enfants et adolescents, les familles accompagnatrices commencent à s'affairer dans les tribunes de la salle principale du Transbo. En attendant l'ouverture du show, un DJ mixe près du bar où les poppers s'échauffent tranquillement.

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    Debout aux premières loges, Nasty, l'animateur qui présente le battle de breakdance, n'est autre que celui qui enflamme les Battle Of The Year à Montpellier. Présentation des huit teams et tirage au sort ainsi faits, les quart de finales en 2 contre 2 peuvent déjà commencer. DJ Duke et ses platines ainsi que son ordinateur portable sont prêts pour lancer les hostilités. D'entrée, les coréens des Last4One font très forte impression, jouant sur la technique et l'originalité avec une efficacité redoutable. Pas pour rien qu'ils sont champions du monde de l'International BOTY 2005 (Cf les DVD Fr). Le sort a voulu aussi que les deux crew lyonnais, Need For Speed et le fameux Pockemon Crew (champions du monde 2003), s'affrontent dès leur première battle, l'issue de la confrontation amicale était déjà connue. Un autre groupe à surveiller de près, les américains du Flexible Flav, venus tout droit de Sacramento: leur tactique de répartie sur pas de danses est absolument redoutable. Les finlandais des Flow Mo rejoignent les demi-finales sans trop de mal aussi. La première demi-finale fait déjà figure de finale, quand les coréens affrontent les californiens dans un concours de haute voltige. Un passage supplémentaire est même sollicité par le jury, Duke jouant le nouvel extrait de Ghostface Killah ("Be Easy") pour booster les breakeurs. Après délibération, ce sont les californiens qui ont eu le dernier mot. Quant à nos pokemons locaux, leurs acrobaties suffisent à balayer les têtes blondes scandinaves, sans commentaires. Alors maintenant imaginez la finale franco-américaine, deux philosophies différentes, deux styles de danse opposés. Ce n'est pas vraiment possible de décrire chacun des mouvements réalisés, c'est pourquoi une mini-vidéo enregistrée à partir d'un des écrans géants (les caméras ont fait le reste), a mieux permis de juger du niveau des danseurs. Les prolongations ont été nécessaires une nouvelle fois pour départager les deux équipes. Victoire pour les américains...

    Entre-temps, les poppers se sont branchés sur des prises 230 volts pour danser comme des robots. Et les danseurs lyonnais, dont certains très beaux gosses, avaient leurs fan-clubs dans le public. Les affrontements sur de la musique funk, ça le fait. Mais curieusement, pas le temps d'assister à la finale, croisant Mista Sinista (qui m'a reconnu au passage), toujours souriant, près du stand de T-Shirts, tenu par le vendeur du MD Store (paie ta pub lol) avec qui j'ai discuté. Le DJ discutait avec les organisateurs, regardant la nouvelle génération de breakers danser devant le bar et vendre quelques de ses mixtapes sur le stand avant de partir ranger son matériel qu'il avait laissé la veille.


    Maintenant voilà, c'est ici que se finit notre parcours initiatique dans le monde du Hip Hop, avec cette impression d'avoir traversé le noyau d'une culture sous tous les angles. Franchement, cette édition 2006 était magnifique et a tenu toutes ses promesses, et même mieux encore. Vivement le prochaine édition dans deux ans!!!

    Reportage et interviews réalisés par Sagittarius et Raging Bull, photos et mini-vidéos de Sagittarius

    Immenses remerciements au staff de l'Original pour nous avoir bien fait rêver pendant ces trois jours. Big up à Guillaume de Mektoub pour nous avoir rencardé. Bisoux à Ju pour nous avoir accompagné vendredi soir :)