Dire que le rock est mort, n'est plus vraiment à la mode de nos jours : aujourd’hui, on se plaît surtout à dire que c’est le hip hop qui est menacé de passer l’arme gauche, bouffé par la corruption, le fric, l’industrie du disque et tout le cirque médiatique. En même temps, lorsque l’on apprend que le hip hop fait désormais partie des meubles au musée d’Histoire américaine de Whashington, on se demande effectivement si cette musique urbaine et révolutionnaire n’est pas aujourd’hui à conjuguer au passé ou juste bonne à être cotée en bourse. Et pourtant, dire que le hip hop ne se résume qu’aux belles bagnoles, aux poulettes en mini—short, aux chaînes en or qui brillent, aux majors gourmandes et aux rappeurs avides de réussite, c’est un peu facile, et ça ne contribue certainement pas à aider le rap à retrouver son sens premier. Donc nous n’irons pas plus loin dans ce tableau réducteur du rap, mais nous allons au contraire vous prouver que le hip hop a encore de très beaux jours devant lui, à condition que d’autres groupes comme Hocus Pocus voient le jour bien entendu.

Parce qu’Hocus Pocus ne fait pas dans le flow cliché, le hip hop convenu, la rime attendue, mais explore au contraire de nouvelles mixtures sonores, où les scratches et les samples côtoient habilement le jazz, la soul et le funk old school. Conduit par le charismatique 20Syl, qui distille par ailleurs des textes à la fois piquants, fins, drôles et puissants, Hocus Pocus nous offre un hip hop extrêmement bien ciselé, entêtant et accrocheur, qui tend plus vers l’instrumental et l’électronique. En effet, c’est la particularité de ce groupe hors-normes, que d’utiliser en live comme en studio des instruments de musique en chair et en cuivre, cordes, bois (flûte, saxo, basse, batterie Fender Rhodes…), au lieu se limiter aux samples.

Le groupe Hocus Pocus s’est formé à Nantes et évolue initialement en tant que duo avant de devenir quintet. 20 Syl (producteur et chanteur) Yannick Busi (Fender Rhodes), Ant-1 (batterie), Ydr (basse) et de DJ Greem (scratches) publient plusieurs maxis ainsi qu’ un album en 2002, « Acoustic Hip Hop Quintet-3 », et leur flow aérien, leur mixture sonore enlevée et originale tout comme leurs prestations scéniques impressionnantes et explosives font très vite sensation. Après avoir mis en boîte d’autres maxis, Hocus Pocus sort ensuite en 2005, l’excellent album « 73 Touches » (pour info, ces 73 touches sont celles du Fender Rhodes, piano électrique qui a connu son apogée dans les 70’s), qui fait un tabac de part et d’autre de la planète hip hop.

Biographie de K-Jul